Rencontre avec Femer Peau Marine

Rencontre avec Femer Peau Marine

22 Nov 2017

Rencontre avec Marielle Philip à la tête de la startup Femer peau marine, créée en novembre 2014 à la Teste-de-Buch. Le concept ? Elle récupère des peaux de poisson destinées à être jetées afin d’en faire du cuir. Une démarche écoresponsable, tannage 100 % naturel et végétal !

Marielle Philip, créer votre entreprise était un souhait de longue date ?
Pas vraiment ! Après des études de droit à Bordeaux, j’ai obtenu un master de droit de l’environnement et gestion des littoraux et des mers à Paris et à Montpellier. Suite à cela, en 2011, j’ai cherché un travail dans le domaine de l’environnement, mais le contexte économique étant compliqué, les opportunités furent rares. Beaucoup de personnes autour de moi créaient leur startup à l’époque et je me suis dit que ce serait une belle expérience de tenter ma chance.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous est venue l’idée de créer un concept de tannerie à l’ancienne à partir de peaux de poisson ?
En 2003, ma mère, présidente de la Fédération nationale des femmes du milieu maritime, a découvert lors de l’un de ses voyages en Laponie, la tradition ancestrale du tannage de peaux de poisson. En 2011, elle y est retournée et a notamment vu un défilé de mode avec des Suédoises vêtues de cuir de poisson, notamment une portant un manteau tout en saumon ! Elle a souhaité en savoir plus, a suivi une formation sur le tannage lapon et est revenue en France avec une peau. Nous avons longuement parlé du tannage, de la possibilité d’amener cette méthode ancestrale en France et notamment sur le Bassin où beaucoup de peaux de poisson sont jetées. Je trouvais cette peau brute et trop vintage, mais j’étais convaincue que l’on pouvait en faire quelque chose de plus fun, coloré, sexy. On tenait un concept, on tenait un produit. Ma mère s’était formée sur ce savoir-faire en Laponie et on l’a réadapté ensemble pendant un an. Et maintenant, ça fonctionne à peu près sur toutes les peaux. Je me suis donc lancée en ayant le soutien financier de ma mère.

Comment s’est passée la suite de l’aventure ?
En 2014, j’ai donc créé mon entreprise, on a vendu quelques premières peaux. Au bout d’un an, mon activité a commencé à intéresser et j’ai appris à rendre les peaux plus lisses et plus souples, à amé- liorer considérablement la texture. J’ai eu l’opportunité de développer plusieurs collaborations avec des créateurs, notamment le maroquinier Daguet à St-Julien qui a un savoir-faire exceptionnel. Nous avons créé des porte-cartes, pochettes en peaux de poisson et des sacs sont également conçus. Des lunettes en peau de poisson sont également créées par l’opticien créateur Damien, de Désir d’y Voir à Mérignac, et une créatrice de chaussures a déposé la marque Pylataise : marque de sandales en peau de poisson faites en Aquitaine. Les modèles sont vendus en ligne sur le site lapylataise.fr. Je vends également des peaux à des créateurs qui font des bijoux, des sacs à main.

Quel est le processus pour tanner une peau ?
Je récupère les peaux auprès des poissonniers, mareyeurs ou pisciculteurs de la région. Ces peaux étant destinées à être jetées, c’est de la récupération, on ne tue pas exprès les poissons et on limite la quantité de déchets. J’enlève ensuite les écailles et résidus de chair, puis les peaux sont baignées. Vient ensuite le moment du tannage effectué à l’aide d’un broyat d’écorce de mimosa ou de noix de gale. Enfin, les peaux sont séchées puis assouplies dans des rouleaux avant d’être graissées puis propres à la vente.

Avoir une démarche écoresponsable est pour vous un point d’honneur semble-t-il ?
Mon fil rouge est d’avoir un impact minimal sur l’environnement effectivement. La dimension environnementale m’importe tout autant que la dimension sociale : je forme des personnes d’un Esat spécialisé dans les métiers maritimes.

 

Merci à Bordeaux Tendances pour cette superbe interview : http://www.bordeauxtendances.fr/interview-de-marielle-philip/

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